nadine bach jockers thérapeute phytoaromathérapeute

Par une semeuse d’autonomie, quelque part à 700 m d’altitude

Vivre autrement, ensemble

Au cœur de la forêt, dans les Vosges du Nord, à 700 mètres d’altitude, nous avons choisi avec ma famille de suivre un chemin un peu à contre-courant. Un chemin fait de semis, de récoltes, de transformations maison, de joies simples et de grands apprentissages : celui de l’autonomie alimentaire.

Nous sommes trois : deux adultes, un enfant et une grande envie de vivre plus librement, plus sainement, plus respectueusement envers la nature… et envers nous-mêmes.

Ce blog, ce billet, c’est l’occasion de vous partager cette aventure humaine, végétale et profondément vivante. Car plus que jamais, je crois que tendre vers l’autonomie est un acte essentiel aujourd’hui. Un acte d’espoir, de résilience, et de cohérence.

Que ton alimentation soit ta première médecine

Pourquoi viser l’autonomie alimentaire aujourd’hui ?

On pourrait croire que c’est un retour en arrière. En réalité, c’est tout le contraire. C’est un pas conscient vers l’avenir.

1. Retrouver du sens dans notre assiette

Aujourd’hui, la plupart de ce que nous mangeons vient de très loin. Des tomates en hiver, des pommes calibrées, des carottes sans goût… La nourriture est devenue un produit comme un autre, déconnecté du vivant, de la terre, des saisons.

Se nourrir devrait être un acte simple, naturel, porteur de sens. Cultiver ce que l’on mange, c’est reprendre contact avec le rythme du monde. C’est redonner de la valeur à chaque légume, à chaque plante médicinale, à chaque fruit cueilli avec amour.

2. Reprendre la main sur notre santé

On le sait, bien manger, c’est se soigner. Mais comment avoir confiance dans ce qu’on achète quand les pesticides, les additifs, les traitements de conservation deviennent la norme ? L’autonomie alimentaire, c’est aussi une forme d’autodéfense sanitaire. Ici, on sait ce qu’on plante, comment on le cultive, et ce qu’on met dans nos assiettes.

C’est aussi une manière de transmettre à notre enfant une relation saine à la nourriture : connaître les plantes, découvrir les goûts vrais, participer aux récoltes… C’est un apprentissage vivant et joyeux.

3. Se préparer aux incertitudes

Crises climatiques, pénuries, hausses des prix, tensions géopolitiques… L’actualité nous rappelle sans cesse à quel point notre système alimentaire est vulnérable. Être autonome, même partiellement, c’est gagner en résilience. C’est savoir qu’en cas de coup dur, on pourra toujours nourrir les siens. Pas de manière parfaite, mais de manière suffisante.

C’est aussi une manière de se sentir moins dépendant d’un système qui, de plus en plus, nous échappe.

4. Se reconnecter à la terre et au vivant

Cultiver, c’est observer, apprendre, écouter. C’est renouer avec un rythme naturel. C’est vivre au fil des saisons, avec la lune, les oiseaux, les insectes. C’est retrouver notre juste place dans le vivant.

Ici, au milieu des arbres, cette connexion est quotidienne. Elle est source de paix, d’ancrage, de gratitude.

(mai 2023) Photo de notre terrain lors de notre 1ère année, il n’y avait quasiment rien !

Notre terrain : un écrin de forêt à 700 m d’altitude

Nous vivons dans les Vosges du Nord, un territoire de forêts profondes, de reliefs doux, de sources claires. À 700 m d’altitude, notre terrain de 2200 m² s’ouvre comme une parenthèse au cœur de la nature.

Au centre, un petit chalet en bois. Autour, nous avons dessiné, modelé, façonné une micro-ferme vivante et résiliente : potager en buttes, forêt comestible, parcelles de plantes médicinales, mandala des menthes, bassin à poissons, walipini, compost, phytoépuration…

Chaque zone a été pensée avec soin pour répondre à nos besoins, tout en respectant les équilibres naturels du lieu.

Expérimenter, encore et toujours

L’autonomie alimentaire, ce n’est pas une ligne droite. C’est un chemin. Un chemin parsemé de réussites, de doutes, de ratés, d’apprentissages… et d’émerveillements.

Depuis plusieurs années, j’expérimente. Je teste des techniques de culture : permaculture, syntropie, culture sur buttes, paillage vivant, associations de plantes… J’observe, je note, j’améliore. Chaque saison est une nouvelle page d’un grand livre d’expériences.

Optimiser sans épuiser

Mon objectif : obtenir un bon rendement sans pour autant épuiser la terre. Je veux nourrir ma famille, mais aussi prendre soin de ce sol vivant qui me nourrit.

Cela passe par :

  • la rotation des cultures,

  • l’apport de matières organiques,

  • la diversification des espèces,

  • l’observation du microclimat (particulièrement important à 700 m !),

  • la présence permanente de couvre-sol.

Petit à petit, je constate des résultats concrets : des légumes plus vigoureux, des récoltes plus abondantes, moins de maladies.

plantes aquatiques bassin comestibles

(mai 2025 – bassin aux plantes aquatiques comestibles)

Une forêt comestible en construction

Mon autre grand projet, c’est la forêt-jardin. Une forêt comestible, médicinale et pédagogique.

Ici, je ne plante pas que pour moi. Je plante pour les générations futures. Chaque arbre fruitier, chaque arbuste à baies, chaque plante vivace s’inscrit dans un écosystème global, conçu pour être de plus en plus productif… tout en demandant de moins en moins d’entretien.

J’y associe des plantes médicinales, des fleurs mellifères, des plantes fixatrices d’azote, des couvre-sols comestibles… Le tout en strates : canopée, arbustes, herbacées, racines, grimpantes…

C’est un jardin vivant, mouvant, imprévisible parfois… mais toujours généreux.

potager forêt comestibles légumes perpétuels

(mai 2025 – potager cultivés selon les principes de la permaculture sur sol vivant et forêt comestible)

Mes productions maison

Chaque saison m’offre de quoi transformer, conserver, expérimenter.

Voici quelques-unes des productions que je fais maison :

  • Tisanes : récolte, séchage naturel, mélanges sur mesure selon nos besoins.

  • Épices maison : origan, thym, sarriette, piments, herbes séchées pour la cuisine du quotidien.

  • Macérats et élixirs : souci, millepertuis, plantain, lavande… pour soigner les petits bobos de la famille.

  • Lactofermentations : choucroute, pickles, sauces épicées.

  • Conserves : tomates, haricots, ratatouilles maison.

  • Pain au levain : fait maison à partir de mon levain qui vit avec nous depuis plusieurs années.

Chaque production nous rapproche un peu plus de notre objectif : ne plus dépendre du supermarché pour notre alimentation de base.

L’autonomie, ce n’est pas l’isolement

Je tiens à le dire : chercher l’autonomie ne signifie pas vouloir tout faire seule, ni vivre en marge de la société.

Au contraire, cela m’amène à tisser des liens (cela prend du temps, il faut perséverer, oser franchir sa zone de confort pour les plus timides comme moi) : avec d’autres semeurs, des voisins, des artisans, des herboristes, des apiculteurs, des cueilleurs de plantes sauvages…

C’est un réseau vivant, solidaire, joyeux. On échange des semences, des savoirs, des plants, des recettes, des coups de main. L’autonomie, c’est aussi cela : une communauté de personnes qui choisissent une autre voie, et s’entraident pour la rendre possible.

Ce que je retiens de ces années d’expériences

  • L’autonomie est un processus, pas un but figé.

  • On commence petit, et on apprend en marchant.

  • Il faut faire avec son climat, son sol, son contexte.

  • Il faut beaucoup observer, écouter, ajuster.

  • Les erreurs sont les meilleurs professeurs.

  • La nature est généreuse, dès lors qu’on la respecte.

  • Chaque saison est différente, et c’est très bien ainsi.

Et maintenant ?

Notre autonomie n’est pas encore totale. Nous achetons encore certaines choses : céréales, huiles, sel ou produits spécifiques. Mais chaque année, notre dépendance diminue.

Mon objectif est de franchir un nouveau cap cette année avec une gamme de produits à base de nos plantes : tisanes, épices, élixirs. Ce sera une manière de valoriser ce que je cultive, mais aussi de partager cette aventure avec d’autres.

Je souhaite prouver qu’une autre manière de vivre est possible. Même sur une petite surface. Même en climat montagnard. Même avec peu de moyens.

Pour conclure

Tendre vers l’autonomie alimentaire, ce n’est pas se couper du monde. C’est au contraire se reconnecter à l’essentiel : la terre, la nourriture, le vivant, les autres, soi-même.

C’est choisir la cohérence, la sobriété joyeuse, la liberté retrouvée.

C’est se réapproprier des savoirs précieux que l’on croyait oubliés.

C’est, surtout, transmettre un message d’espoir : oui, il est possible de vivre autrement. Un pas après l’autre. Une graine après l’autre.

Merci de m’avoir lue. 

🌱 Avec gratitude,
Nadine

Autrice, semeuse d’autonomie, habitante d’un havre forestier

autonomie alimentaire comment faire

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